Pourquoi le matériel ne survit jamais aux ateliers bébé
Pourquoi le matériel ne survit jamais aux ateliers bébé (et pourquoi c’est une bonne nouvelle)
Cet article commence par une histoire d’atelier bébé en crèche : une belle affiche A2 imprimée pour une séance sur Alma Thomas (voir le réel).
Un beau papier de qualité, une impression soignée; bref, un support dans lequel j’avais mis le prix pour impressionner les bébés !
Sauf que… j’avais eu la flemme de la plastifier!
Pendant l’atelier, un bébinou se lève, s’approche, et commence à peindre directement sur l’affiche.
J’ai eu deux réactions contradictoires en une seconde :
😬 « Oh non, mon affiche ! »
🌈 « Génial, c’est vraiment ça la libre exploration ! »
Ce moment m’a appris quelque chose de fondamental que je partage dans toutes mes formations : en atelier bébé, le matériel n’est pas fait pour survivre, il est fait pour être exploré. Et quand on a ça en tête, on conçoit et créé des ateliers adaptés.
Dans cet article je vous explique comment penser un atelier qui respecte la libre exploration et surtout : comment choisir du matériel que vous êtes prêt·es à voir transformé.
La libre exploration : qu’est-ce que c’est, et pourquoi le matériel “meurt” ?
La libre exploration désigne une posture pédagogique qui met l’enfant au centre de l’expérience sensorielle : il touche, goûte, manipule, transvase, assemble, détruit, …
Pour un tout-petit, manipuler est une façon de comprendre le monde : tester la résistance, observer les traces, sentir les textures, tester la répétition.
Bref, il teste et peut voir le résultat de ses actions ! Il fait ses expériences et c’est vraiment magique à observer !
Dans ce cadre, l’installation qu’on propose et le matériel mis à disposition sont cruciaux.
Ils jouent un rôle d’élément d’apprentissage !
Le matériel devient le « cobaye » des expérimentations du tout-petit. Il va pouvoir le prendre, le déchirer, le taper, le peindre, etc. Evidemment, tout dépend du contenu de l’atelier que vous proposez, mais dans les ateliers de libre exploration (en peinture ou non), le matériel est à disposition du bébé.
Donc, si l’objet est fragile, ou si vous attendez qu’il revienne intact, vous vous retrouverez vite tiraillé·e entre l’essence de la libre exploration et la nécessité de protéger l’objet.
Le résultat ? Comme mon exemple d’introduction avec l’atelier Alma Thomas en crèche, vous risquez d’empêcher l’exploration !
Pourquoi accepter la « destruction » est une posture professionnelle
Accepter que le matériel soit transformé, c’est :
- Observer vraiment ce que fait l’enfant quand il est libre de « tout » faire (et donc d’apprendre de lui).
- Ne pas interrompre l’exploration pour préserver un objet.
- Valoriser la démarche exploratoire plutôt que le résultat décoratif.
- Gagner en sérénité : vous savez à quoi vous attendre car votre matériel est adapté
Evidemment, cela ne veut pas dire “laisser faire n’importe quoi” : il s’agit de choisir ce que vous mettez à disposition en fonction de la sécurité de l’enfant et de l’intérêt que présente le matériel pour lui !
Un des apprentissage de mon expérience avec l’atelier Alma Thomas, c’est que : si je ne veux pas qu’un objet soit peint, cassé ou sali, alors il n’a rien à faire dans mon atelier.
Cette règle permet de se libérer du dilemme « laisser-faire / protéger » et permet de concevoir des ateliers qui respectent l’enfant et sa posture en tant qu’intervenante.
Et cela change aussi dans la relation aux adultes accompagnants :
Dire clairement que le matériel est transformable rassure les adultes!
Car oui, dans la libre exploration, les freins viennent plutôt des adultes que des bébés eux-mêmes.
C’est parfois compliqué pour eux de laisser l’enfant « détruire » du matériel.
Donc en ayant du matériel adapté en en expliquant comment l’exploration se déroule, on transforme la crainte en curiosité ! Et ce dialogue crée du lien : les adultes deviennent complices !
4 règles pratiques pour du matériel adapté aux ateliers bébés
1. Prévoir du matériel conçu pour être transformé
Tout le matériel mis à disposition ou accroché à portée d’enfant doit pouvoir être touché et « détruit ».
PS : évidemment, il ne doit présenter aucun danger pour le bébé.
2. Si vous voulez préserver un élément, protègez-le AVANT
Dans l’atelier Alma Thomas, si j’avais voulu préservé l’affiche, je l’aurais plastifiée… C’est ce que je fais habituellement.
Plastification, support rigide, couverture plastique : si l’objet doit resister, préparez-le en conséquence.
3. Expliquez-le aux adultes accompagnants
Si pour nous, intervenante, nous avons intégré que notre matériel peut être détruit, rappelons-nous que ce n’est pas le cas des autres adultes présents avec les bébés.
Avant de commencer l’atelier, expliquez les règles et ce qui est OK !
4. Utilisez du matériel recyclé
Pas besoin d’objets coûteux pour créer une expérience riche ! Le carton et la peinture comestible font merveille, et surtout il est plus facile d’accepter qu’ils ne survivent pas !
Conclusion
La « disparition » du matériel en atelier est la marque d’une exploration libre!
Quand on accepte que certaines choses seront peintes, déchirées ou transformées, on fait le choix d’un atelier qui respecte le rythme et la curiosité du tout-petit.
Dans mes formations, ce thème revient tout le temps : préparer, protéger, expliquer.
Le matériel et notre posture conditionnent la libre exploration et donc si un atelier est adapté ou non.
Si vous souhaitez approfondir le sujet et vous former : dans Concevoir et animer des ateliers artistiques adaptés aux bébés, je vous donne les clés pour comprendre quel matériel est adapté et comment en créer pour les ateliers !
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